Sur le Pont N°05

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SUR LE PONT - le Flash Email spécial Marseille 2019

Numéro 05 - Jeudi 28 novembre 2019

Le voilà, le dernier numéro de la longue série de Pont à Rebours et de Sur le Pont qui furent diffusés pendant les quelques mois de préparation de cette 12ème conférence européenne de santé publique. Nous atteignons la fin du périple qui a rythmé le quotidien de la Société Française de Santé Publique, de ses partenaires et collaborateurs ainsi que celui de The European Public Health Association. Retrouvez les dernières photographies, les répliques de la clôture et encore quelques interviews. La SFSP tient à remercier ses lecteurs, et nous vous disons à l'année prochaine !


ÉDITO

 
LA COLLABORATION NORD-SUD : UN CONCEPT À OUBLIER ET DES NON-DITS À ABORDER
 
Ne serait-il pas temps de bannir le concept de collaboration Nord/Sud tant cela n’a plus aucun sens dans un monde de pratiques et de recherches en santé publique globalisées? Où situer la pharmacienne née au Burkina Faso ayant fait sa thèse de santé publique en Bourgogne et aujourd’hui chercheure au Canada ? Évidemment, dans un contexte où la rareté des ressources dans les Sud est flagrante, les enjeux de pouvoir avec les collègues du Nord qui en ont sont au cœur de ces collaborations. Au Burkina Faso par exemple, 87% des projets de recherche en santé sont financés par l’extérieur. Mais ces enjeux de pouvoir ne sont pas à sens unique. Dans ce contexte, cette collaboration entre collègues doit s’inscrire dans le respect de certaines valeurs comme l’équité, le respect, la confiance, etc. Il existe de nombreux guides pour soutenir ces pratiques. Mais nous connaissons tous les décalages entre la théorie et la pratique !
 
Une fois cela écrit, que dire de nouveau sur cette forme de collaboration ? Pourquoi ne pas plutôt aborder quelques non-dits glanés au cours de mes expériences ? Je vais en citer quelques-uns, sous la forme de questions ouvertes, afin d’ouvrir un débat qui se poursuivra. Comment faire en sorte que les jeunes, notamment les femmes, disposent de plus visibilité et que leurs expertises soient mieux mises en valeur pour ne pas toujours voir les mêmes aux tribunes et dans les panels ? Comment aborder la question de la racialisation des pratiques de santé publique en Europe comme cela est fait en Amérique du Nord ? Comment s’inscrire dans un processus de décolonisation de la santé mondiale quand on connaît l’histoire de certains pays européens ? Comment assurer une juste répartition de la signature des articles scientifiques sans auteur fantôme ni participation de complaisance ? Comment donner autant de considération aux sciences sociales qu’à l’épidémiologie, aux données qualitatives que quantitatives ? Comment considérer les conflits d’intérêts des acteurs du développement qui orientent les débats et les résultats des études ? Comment travailler avec des chercheurs qui sont plus attirés par les honoraires de leurs consultations que la rigueur scientifique et la publication ? Je crois essentiel que ces questions soient posées et que l’on se donne collectivement le temps et les espaces pour en discuter. Mais surtout, je pense qu’il faut mieux former et impliquer la nouvelle génération à cet égard.
 
 

Valéry Ridde (CEPED / IRD)



 

POWER PONT


Interview de Patrick Padovani, adjoint au maire de Marseille en charge de la santé

 
En clôture, Patrick Padovani a remercié les participants pour leur venue à Marseille. Construire des ponts, entre acteurs et entre secteurs, aura été un thème commun à l’ensemble des débats. L’élu revient pour nous sur quelques sujets liés à l'actualité marseillaise qui y font écho et illustrent les écueils que l’on rencontre pour « mettre la santé dans toutes les politiques ».
 
Premier sujet, l’habitat. Il se félicite que les liens avec la santé aient fait l’objet de réflexions nouvelles. C’est une préoccupation de la Ville, poussée à l’action depuis l’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne il y un an. Ce drame a conduit à revoir les procédures municipales, une meilleure coordination entre les services de l’habitat et de la santé étant absolument nécessaire. Mais l’appropriation des enjeux par la cellule habitat, à laquelle est désormais rattachée l’équipe de salubrité, comporte aussi des limites, ce que P. Padovani souligne : « La santé est l’enjeu qui permet de déclarer un habitat en péril ou pas. Mais le sujet de la santé à l'intérieur d'une habitation ne peut pas se résumer à ça ! Tous les appartements qui sont aujourd'hui dans une situation d'incurie, d'insalubrité ou d'indécence ne donnent pas lieu à une évacuation. » Il faut, pour lui, continuer de penser les outils de prévention et d’amélioration des logements, en dehors des seules situations extrêmes.
 
Pour Patrick Padovani, « la transversalité reste compliquée, car ce n'est pas rentré dans les mœurs à Marseille. Même si des tentatives sont faites à peu près dans tous les axes ! ». Il mentionne l’initiative portée avec son collègue de la Petite Enfance, fruit d’une bonne coordination entre deux élus, pour construire des crèches sans perturbateurs endocriniens ou l’évaluation de l’impact en santé ajoutée au programme de rénovation urbaine d’un quartier. Mais, « s’il existe des épisodes pour lesquels on travaille ensemble, ce n'est pas une volonté écrite, un projet municipal ».
 
On peut aussi saisir les difficultés que pose la transversalité à travers le sujet de l'activité physique adaptée, porté par le Réseau des Villes-Santé dont Marseille est membre. La Ville développe le sport en partenariat avec le milieu scolaire. Interrogé sur le manque d’équipements sportifs à Marseille, l’élu explique que d’autres moyens d’actions sont possibles « sans se lancer dans des programmes pharaoniques », ni s’astreindre à avoir 30 m2 de piscine par habitant. « On peut rendre la ville en capacité de donner les moyens aux gens de faire de l'activité physique adaptée, par les transports,  par la piétonisation etc. » C’est un enjeu d’urbanisme. Mais sur la question de la qualité de l'air, il faut tenir compte d’enjeux touristiques et économiques forts pour Marseille avant de demander, par exemple, l’interdiction de l’accès au port des bateaux de croisières au nom de la santé. Mieux réguler cette forme de pollution de l’air supposerait une action concertée de tous les ports de la Méditerranée, que la Ville peut soutenir, mais pas porter seule.
 



 

En interne

 
Pour cette dernière édition, les internes de santé publique vous confient leur ressenti ou « take home messages » en quelques mots :
 
« Succès pour ma 1ère expérience de congrès, c’était vraiment sympa. Merci à tous »
 
« Cette expérience enrichissante, nous laisse percevoir les enjeux actuels, les défis de demain et les efforts à poursuivre. »
 
« La connaissance ne suffit pas, d’autres compétences restent à développer, par exemple, pour que nous apprenions à construire ensemble la santé : Littératie, communication, science du comportement, approche communautaire… Ce sont les challenges et les clés que j’identifie pour mon exercice futur. »
 
« L’espoir et l’envie d’agir pour un nouveau souffle où la santé des femmes est en évolution, de la conceptualisation au concret. Il ne s’agit plus seulement de la santé de la procréation, mais une approche différente (jusque dans la clinique), avec ses propres particularités et besoins. Un vaste champ s’ouvre à nous, one more bridge to build ! »
 
« EPH fut aussi l'occasion de rencontrer des agences de Santé Publique nationale pour échanger sur des sujets d'actualité: SNDS, Moi(s) sans tabac, Radon, Recherche, urbanisme favorable à la santé »
 
A l’année prochaine !
 

Les internes du CLiSP

 

 

les répliques de la conf'

 
"Pourquoi personne n’a interpellé Jérôme Salomon, Directeur général de la santé, sur l'#AME ? Pourquoi n'avons-nous pas plus parlé des lobbies ? La santé est un choix politique. Comment la santé publique va franchir ce cap vers des choix politiques ?"
Charlotte Marchandise
 
"Multiplier les langues, c'est respecter les spécificités culturelles et la diversité. Les langues donnent du sens aux actions. Elles sont nécessaires pour produire du sens. En France, le carnet de santé a été produit en 17 langues différentes."
Laurence Auer
 
"Nous devons modifier le code de santé publique français pour simplifier les conditions du développement des dépistages néonataux"
Christian Collet
 
"Pour construire des ponts entre chercheurs et politiques, il est important de trouver de nouvelles façons de communiquer ensemble. Je salue la tenue de workshops en stratégie politique : comment délivrer un plaidoyer en 2 minutes dans un ascenseur ?"
Charlotte Marchandise
 
"Je dois dire que j’ai été très heureux de voir beaucoup de mes collègues français présents à cette conférence. Un conseil touristique : explorer Marseille au soleil !"
Yves Charpak
 
"la transformation numérique de la santé doit être un vecteur de progrès et de protection des données personnelles."
Walter Ricciardi



 

figures de la santé publique


Interview de Anne Bucher, Directrice générale Health and Food Safety de la commission européenne
 

L’Europe en appui des politiques nationales de santé publique

La Direction générale Health and Food Safety de l’Union européenne gère le marché intérieur des produits pharmaceutiques et des dispositifs médicaux et a un mandat santé publique avec la gestion des crises et la surveillance épidémiologique. Elle assure des activités d’organisation de la coordination entre états membres sur la vaccination, les résistances antimicrobiennes, et sur toutes les maladies chroniques.
 

Quelles sont vos missions par rapport aux politiques nationales de santé ?

La santé publique est essentiellement une compétence des États membres, et souvent, ce sont eux qui choisissent les thèmes sur lesquels ils veulent coopérer. En 2018, ils ont demandé un monitoring sur la résistance des populations à la vaccination ; nous avons organisé des marchés publics conjoints favorisant la disponibilité des vaccins dans les petits pays. Nous faisons aussi de la surveillance dans l’utilisation des antibiotiques, que les États membres se sont engagés à utiliser avec prudence en milieu hospitalier. Les Etats reconnaissent que dans certains domaines comme les maladies rares, il vaut mieux collaborer au niveau européen. Les pays ne peuvent notamment pas avoir une expertise sur toutes les maladies rares. Des réseaux européens de référence ont donc été constitués, qui rassemblent 900 unités hospitalières autour de  spécialistes de pointe, ce qui représente une valeur ajoutée sachant que les diagnostics de maladies rares prennent en moyenne 6 ans. Il y avait un enfant finlandais épileptique que personne n’arrivait à soigner, et grâce à cette plate forme, une forme de cancer a été détectée par un médecin à Marseille. Mais il y a d’autres domaines sur lesquels les Etats membres sont plus réticents. Ils préfèrent que l’on ne s’immisce pas dans les questions d’organisation des soins. S’agissant de la vaccination, il ne faut pas qu’on s’aventure sur des recommandations d’obligation vaccinale, les pays n’apprécient pas les contraintes communautaires. Depuis septembre, nous avons un mandat pour traiter les pénuries de médicaments, et les questions d’accès aux thérapies innovantes.  C’est essentiel sinon les petits pays n’ont pas accès aux médicaments en même temps que d’autres pays au marché plus lucratif.
 

Quelles collaborations avez-vous avec les associations nationales de santé publique ?

Nous essayons d’avoir des collaborations avec les associations nationales au travers de relais comme EUPHA. Nous avons une health politcy platform qui réunit 5000 associations, et propose notamment des webinars. C’est important que la société civile participe, pour nous signaler des problèmes et pour construire des solutions sur des sujets particuliers. Nous avons par ailleurs un groupe des ministres de la santé qui identifient les « meilleures pratiques » qu’ils décident de mettre en œuvre dans les pays. L’année dernière, ils avaient choisi le sujet de l’obésité, ce qui a permis de faire émerger la prescription de l’activité physique.
 


 

LA BULLE

 

La mobilisation de toute l'équipe SFSP pendant ces 4 jours de conférence

Si vous êtes passés dans la cité phocéenne il y a quelques jours, vous nous avez sûrement aperçus, dans les salles de sessions pour Twitter et rendre compte, devant la salle de pré-conférence en t-shirts blancs, à l'accueil sur le stand sfsp ou en train de courir à droite et à gauche pour prendre des photos, écrire des articles et porter quelques chaises ! Les administrateurs, l'équipe salariée et les bénévoles qui œuvrent au quotidien pour la SFSP étaient présents pour ce fabuleux congrès. Et après de nombreuses tasses de café et de (très) longues journées, nous tenions à remercier les participants de cette 12ème conférence européenne de santé publique et à vous dire : ci vediamo l'anno prossimo a Roma !


 

 

MAISON FRANCE











 

MERCI A TOUTES ET TOUS, ET RENDEZ-VOUS À ROME EN 2020 !

 
Cette 12ème Conférence européenne de santé publique a pris fin ! Nous sommes heureux d'avoir pu vous faire partager un peu de ce qui s'y est dit et fait, à travers "Sur le Pont", quotidien francophone (à retrouver en ligne sur notre site) mais aussi nos fils Twitter (@SFSPasso).
 
Vous le savez, la SFSP était le partenaire local d’organisation de cette conférence, en en remplacement de notre congrès biennal. Ce fut pour nous un grand plaisir de travailler aux côtés de nos partenaires européens de EUPHA et de EPH Foundation pour accueillir les participant.e.s dans les meilleures conditions possibles et faire de cet événement un succès. Son succès a été immense, avec environ 2 400 inscrit.e.s, dont plus de 540 Français.e.s ; deux records !
 
Nous ne nous attendions pas à une telle affluence et nous vous en remercions. Ceci est un signe de grande vitalité pour notre association européenne et son principal événement annuel. C’est évidemment une bonne nouvelle en ce qui concerne la place de la France dans la communauté européenne de santé publique. L’un de nos plus grands défis, lorsque nous avons obtenu la possibilité d’organiser cette conférence, était en effet d’être en capacité de mobiliser le plus grand nombre possible de nos compatriotes, dans un contexte où à peine quelques dizaines d’entre eux participent, habituellement, à ces conférences européennes. Le pari est réussi, et nous sommes heureux d’y être parvenus !
 
Nous avons pu aussi constater la belle dynamique à l’œuvre au sein de la conférence, à travers le grand nombre de pré-conférences, une multitude de workshops et bien sûr un grand nombre de sessions dont les thèmes furent plus intéressants les uns que les autres. Une conférence scientifique est un moment de découverte et d’échange, qui permet à chacun.e d’élargir son horizon et de chausser d’autres lunettes pour regarder ses sujets d’intérêt. La grande diversité des participants à cette conférence est un formidable atout pour cela – vous êtes issu.e.s de plus de 80 pays, bien au-delà de la zone Europe de l’OMS.
 
Enfin, nous sommes heureux d’avoir pu porter l’initiative d’une « Maison France », qui a permis de réunir sous cette bannière unique 9 grands organismes publics de santé. Tout au long de ces trois jours, ces organismes ont proposé un alléchant programme d’animation, qui a permis de faire découvrir aux participant.e.s certaines de leurs thématiques de travail.
 
Aujourd’hui, la dynamique française en Europe peut se poursuivre, à travers notamment votre participation à l’une ou plusieurs des 22 sections thématiques de EUPHA, l’association européenne, qui couvre un large éventail de champs de la santé publique : https://eupha.org/sections.
 
Nous vous donnons rendez-vous à Rome en octobre 2020, où se déroulera un triple événement en un : le congrès italien, la conférence européenne et le congrès mondial de santé publique ! Les inscriptions sont ouvertes dès aujourd’hui pour des groupes, à la page https://wcph2020.com/2020-registration-15.

 
Emmanuel Rusch, Président de la SFSP
Yves Charpak, Vice-Président de la SFSP, Président de la Conférence européenne Marseille 2019
François Berdougo, Délégué général de la SFSP


 

 


COMITÉ DE RÉDACTION DU JOURNAL

Directeur de la publication : Emmanuel Rusch
Rédacteur en chef : François Berdougo
Maquettage : Amandine Baron
Contributeurs : Isabelle Catala | Christine Ferron | Aline-Marie Florence | Samuel Gaspard | Béatrice Georgelin | Hélène Kane | Anne Laurent | Pierre Lombrail | Thi-Mai Nguyen | Benjamin Soudier | Les internes du CLiSP

 
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