Gestion de l'épidémie de fièvre jaune en 2010 à Séguéla (Côte d'Ivoire) : intérêt d'une investigation pluridisciplinaire
Yao Lucien Konan | Zanakoungo Ibrahima Coulibaly | Kouadio Bernard Allali | Sopi Mathilde Tétchi | Atioumounan Blaise Koné | Daouda Coulibaly | Kouadio Daniel Ekra | Julien Marie Christian Doannio | Paul Oudéhouri-Koudou
Résumé en Français
Introduction : En août 2010, cinq cas positifs de fièvre jaune ont été notifiés dans la région de Séguéla, au nord-ouest de la Côted’Ivoire, zone affectée par le conflit armé survenu depuis 2002. Afin d’évaluer l’ampleur de la circulation virale et le risque encouru par la population locale, une investigation pluridisciplinaire a été diligentée par le Ministère en charge de la Santé de Côte d’Ivoire dans l’aire sanitaire de Kani, essentiellement dans les localités de confirmation des cas. Méthodes : Cette investigation a eu lieu deux semaines après la riposte vaccinale réactive en vue de contrôler l’extension de l’épidémie. La recherche de cas suspects a permis d’en répertorier 16 dont quatre cas dans la revue des registres avec deux décès et 12 au cours des interviews dans la communauté dont six décès. Résultats : Les investigations entomologiques ont révélé des indices stégomyiens relativement faibles. Aedes aegypti a été présent parmi les moustiques adultes capturés. En outre, trois vecteurs sauvages avec un nombre variable d’une localité à l’autre ont été rencontrés. Ce sont Ae. africanus, Ae. luteocephalus et Ae. vittatus avec une agressivité moyenne respective de 0,3 ; 0,1 et 0,05 piqûre/homme par soirée à Soba ; Ae. africanus et Ae. vittatus avec respectivement 0,25 et 0,3 piqûre/homme par soirée à Yaokro et Ae. luteocephalus avec 1 piqûre/homme par soirée à Kaborékro. Discussion : Malheureusement, la riposte vaccinale menée avant les investigations n’a pas permis stopper la progression de l’épidémie qui s’est déclarée trois mois plus tard dans l’aire sanitaire Worofla, proche du campement de Magrékro.
English abstract
Introduction: In August 2010, five positive cases of yellow fever were reported in the region of Séguéla, in the northwest of Côte d’Ivoire, affected by an armed conflict since 2002. In order to evaluate the extent of yellow fever virus circulation and the risk for local people, a multidisciplinary investigation was carried out by the Côte-d’Ivoire Ministry of Health and Public Hygiene. Methods: Theses investigations were conducted in the villages of confirmed cases and the outpatient and hospitalization centers attended by infected patients, two weeks after the reactive immunization campaign performed in order to stop the spread of the epidemic. The search for suspects identified 16 cases, including 4 cases and 2 deaths in hospital registers and 12 cases during community interviews, including 6 deaths. Results: Stegomyiens indices were relatively low. Aedes aegypti was present among adult mosquitoes. In addition, three wild vectors, varying in number from one locality to another, were detected: Ae. africanus, Ae. luteocephalus and Ae. vittatus with average biting rates of 0.3; 0.1 and 0.05 bite/man/twilight, respectively, at Soba, Ae. africanus and Ae. vittatus with average biting rates of 0.25 and 0.3 bite/man/twilight, respectively, at Yaokro and Ae. luteocephalus with one bite/man/twilight at Kaborékro. Discussion: Unfortunately, the vaccine response conducted before investigations did not stop progression of the epidemic which broke out three months later in the Worofla health area, close to the Magrékros encampment.
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Texte intégral sur www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=SPUB_146_0859
Santé publique n°6, novembre-décembre 2014 | p. 859 à 867 | publié le 28 janvier 2015