Le monde de la santé publique doit s’emparer de nouveau de ce qu’il a pu, un temps, délaisser, alors qu’elle se situe à son fondement et a fait ses lettres de noblesse : l’hygiène, en tant que protection de la santé des populations, devenue dans la période récente un objet strictement biologique et médical. Si la santé publique a un temps d’avance sur certaines approches populationnelles telles que la vaccination ou l’accès universel au dépistage ou aux traitements, l’hygiène reste « à la marge » par rapport à des approches considérées comme plus « nobles », telles que la modélisation des maladies, l’analyse fine de leurs causes, la sociologie des comportements, l’anthropologie historique des crises ou l’identification des populations fragilisées.
La gestion de la crise Covid-19 doit pouvoir bénéficier d’un regard de professionnels de santé publique sur la mobilisation des outils de l’hygiène dans la prévention de la diffusion du virus : masques et autres barrières, isolement et confinement, usage individuel ou collectif de produits désinfectants. Paradoxalement, les données scientifiques sur ces questions sont pauvres. Le sujet est peu porteur pour des carrières scientifiques et, en période de calme épidémique, la probabilité d’obtenir des crédits significatifs pour y travailler est faible. D’autant plus que l’on sait que chaque micro-organisme a ses caractéristiques propres, qui rendent difficile une approche universelle.
Cependant, même face à l’incertitude des connaissances, on n’imagine pas un infectiologue, un chercheur en biologie des micro-organismes, un médecin traitant des personnes immunodéprimées ou un chirurgien soucieux des infections nosocomiales travailler sans protection, sans outils « barrière ». Que ce soit pour se protéger ou pour protéger ses patients. Dès lors, même en l’absence de données scientifiques fournies, une approche volontariste d’utilisation systématique de tout ce qui est disponible pour se protéger et protéger les autres relève d’un principe de précaution collective. Il a l’avantage sur les médicaments de ne présenter aucun effet secondaire. Au pire, cette utilisation est faiblement efficace.
A ce stade de la pandémie, nos messages sont clairs :
C’est l’articulation de ces différentes modalités qui permettra d’agir sur un autre levier essentiel du changement de comportement attendu : les représentations qu’a la population, dans toutes ses composantes, de ces mesures de protection. Ces représentations, qui s’ancrent dans les connaissances, les croyances et les interprétations sociales et culturelles de chacun, exercent une influence majeure sur sa volonté et sa capacité à faire évoluer ses pratiques en matière d’hygiène. Elles sont donc impérativement à prendre en compte dans l’approche de cette question, en appui sur les dispositifs de médiation et les relais de proximité mobilisables.
Note disponible en PDF ici.
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