Adapter les pratiques médicales au terrain : maternité et VIH en Guyane et à Saint-Martin
Résumé en Français
En Guyane et à Saint-Martin, la maternité en contexte de VIH constitue un enjeu de santé publique, du fait de sa prévalence élevée et de la possibilité de réduire considérablement, grâce aux traitements, le risque de transmission de l’infection à l’enfant. Les femmes concernées sont en majorité immigrées et en situation de précarité. Cette étude porte sur la capacité du système de soins à s’adapter aux caractéristiques sociales de ces terrains ultra-marins : les représentations de ces femmes à l’égard des risques associés à leur grossesse, et les freins à leur observance que dressent les rapports inégalitaires qui traversent ces sociétés.
À Saint-Martin, Cayenne et Saint-Laurent du Maroni, des entretiens semi-directifs ont été menés auprès de 19 femmes vivant avec le VIH et de 54 professionnels socio-sanitaires ; des observations (consultations médicales, consultations d’éducation thérapeutique, groupes de parole, staffs médicaux) ont complété ce recueil de données.
Les résultats montrent que les professionnels se saisissent de la principale inquiétude des femmes – transmettre l’infection à leur enfant – pour les inciter à reprendre un rôle actif sur leur santé et celle de leurs enfants, via leur observance aux traitements. Ils s’efforcent de limiter l’impact, sur cette observance, des rapports sociaux inégalitaires qu’elles vivent en tant que porteuses d’une maladie stigmatisée, étrangères en situation irrégulière, minoritaires ethniques.
L’exemple de la maternité en contexte de VIH illustre ainsi la capacité du système de soins à atténuer les conséquences des inégalités sociales sur la santé des individus, et suggère a contrario la gravité qu’aurait tout recul vis-à-vis de cette responsabilité.
À Saint-Martin, Cayenne et Saint-Laurent du Maroni, des entretiens semi-directifs ont été menés auprès de 19 femmes vivant avec le VIH et de 54 professionnels socio-sanitaires ; des observations (consultations médicales, consultations d’éducation thérapeutique, groupes de parole, staffs médicaux) ont complété ce recueil de données.
Les résultats montrent que les professionnels se saisissent de la principale inquiétude des femmes – transmettre l’infection à leur enfant – pour les inciter à reprendre un rôle actif sur leur santé et celle de leurs enfants, via leur observance aux traitements. Ils s’efforcent de limiter l’impact, sur cette observance, des rapports sociaux inégalitaires qu’elles vivent en tant que porteuses d’une maladie stigmatisée, étrangères en situation irrégulière, minoritaires ethniques.
L’exemple de la maternité en contexte de VIH illustre ainsi la capacité du système de soins à atténuer les conséquences des inégalités sociales sur la santé des individus, et suggère a contrario la gravité qu’aurait tout recul vis-à-vis de cette responsabilité.
English abstract
Because of its high prevalence, HIV in pregnancy is a major public health issue in French Guyana and Saint Martin, particularly since the risk of transmission to the child can be significantly reduced through pharmacological treatment. Most of the HIV-infected women in these areas are immigrants living in highly precarious circumstances. This study examines the capacity of the healthcare system to adapt to the specific social characteristics of overseas regions, focusing in particular on perceptions of the risks associated with pregnancy among HIV-infected women and the social inequalities affecting adherence to HIV treatment.
Semi-structured interviews were conducted in Cayenne, Saint-Laurent du Maroni and Saint-Martin with 19 HIV-infected women and 54 social and health care professionals. Observations (medical consultations, therapeutic education consultations, discussion groups, medical meetings) were also conducted to complete the data set.
The results show that professionals tend to use the most significant concern expressed by HIV-infected women – i.e. the risk of transmitting their infection to their child – as an opportunity to promote the active involvement of patients in their own care and the health care of their children by encouraging them to adhere to their treatment. The study found that professionals seek to lessen the impact of social inequalities on patient adherence to the treatment in a context of social stigmatization linked to the particular status of their patients as HIV-infected women, undocumented migrants, and ethnic minority members.
The example of HIV in pregnancy illustrates the capacity of the healthcare system to reduce the impact of social inequalities on health and highlights the significant negative impact that a reduced commitment to this issue would have.
Semi-structured interviews were conducted in Cayenne, Saint-Laurent du Maroni and Saint-Martin with 19 HIV-infected women and 54 social and health care professionals. Observations (medical consultations, therapeutic education consultations, discussion groups, medical meetings) were also conducted to complete the data set.
The results show that professionals tend to use the most significant concern expressed by HIV-infected women – i.e. the risk of transmitting their infection to their child – as an opportunity to promote the active involvement of patients in their own care and the health care of their children by encouraging them to adhere to their treatment. The study found that professionals seek to lessen the impact of social inequalities on patient adherence to the treatment in a context of social stigmatization linked to the particular status of their patients as HIV-infected women, undocumented migrants, and ethnic minority members.
The example of HIV in pregnancy illustrates the capacity of the healthcare system to reduce the impact of social inequalities on health and highlights the significant negative impact that a reduced commitment to this issue would have.
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Texte intégral sur www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=SPUB_116_0441
Santé publique n°6, novembre-décembre 2011 | p. 441 à 453 | publié le 7 mai 2012