Représentations des professionnels et dépistage des hépatites B et C chez les migrants : une étude qualitative en Côte-d'Or

Résumé en Français

Les hépatites B et C sont un problème de santé publique important en France, en particulier chez les migrants. La naissance et un séjour prolongé en pays d’endémie sont des facteurs de risque fréquents, surtout pour l’hépatite B. Pourtant ces maladies restent insuffisamment dépistées chez les migrants. L’objectif principal de cette étude est d’identifier les représentations des professionnels de santé de Côte-d’Or du risque d’infection virale B et C des migrants pour comprendre les freins au dépistage et les facteurs le favorisant. Cette étude qualitative par entretiens semi-directifs a été menée auprès de 23 professionnels de santé et 8 travailleurs sociaux. Les professionnels de santé ont été interrogés sur leur implication dans la lutte contre les hépatites B et C et leurs représentations du risque d’infection encouru par les migrants. Les modalités de l’accompagnement socio-sanitaire des migrants ont représenté l’essentiel des entretiens avec les travailleurs sociaux. La prescription de la sérologie VHB et VHC chez les migrants était liée à celle du VIH. Le dépistage était associé au statut juridico-administratif du migrant, au type de structure d’accueil, à la connaissance qu’avaient les professionnels de santé des facteurs de risque liés au contexte épidémiologique et socio-sanitaire des pays d’origine, et à leur propre engagement dans l’action humanitaire. Les migrants les mieux dépistés étaient les demandeurs d’asile accueillis en centre d’hébergement. Cette étude qualitative souligne la nécessaire sensibilisation des travailleurs sociaux et des professionnels de santé au dépistage systématique des hépatites B et C chez les migrants issus de zones d’endémie, comme le recommande le plan national de lutte 2009-2012.

English abstract

Hepatitis B and C continue to be major public health problems in France, particularly among migrants. The fact of being born in hepatitis B and C-endemic countries or of being a long-term resident of these countries are common risk factors, especially in the case of hepatitis B. Screening for both types of infection remains low among migrants. The main purpose of this study was to examine perceptions of the risk of viral hepatitis B and C in migrants among health professionals in Côte-d’Or (Burgundy, France) and to understand the factors promoting or hindering screening. The paper presents the results of a qualitative study based on face-to-face interviews with 23 healthcare providers and 8 social workers. The participating health professionals were interviewed about their involvement in the fight against hepatitis B and C and their perceptions of the risk of infection among migrants. The interviews conducted with social workers focused mostly on the conditions of social and health support provided to migrants. The study found that hepatitis B and C screening among migrants was associated with HIV screening. Screening was found to be associated with formalities relating to the legal and administrative status of migrants, the type of accommodation or housing, health professionals’ knowledge of the risk factors associated with the epidemiological and social/health context in the countries of origin, and their own involvement in humanitarian aid. Migrants seeking political asylum and living in reception centers were found to be more likely to undergo screening. The findings suggest that awareness of the importance of systematic screening for hepatitis B and C in migrants from hepatitis B and C-endemic areas needs to be promoted among social workers and health professionals, as recommended by the National Prevention and Control Program (2009-2012).

Texte intégral sur www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=SPUB_124_0303

Santé publique n°4, juillet-août 2012 | p. 303 à 315 | publié le 26 août 2014