Comprendre le renoncement à la référence obstétricale à la Clinique universitaire de gynécologie et d’obstétrique de Cotonou
Résumé en Français
Introduction : À partir de l’an 2000, à la faveur des Objectifs du millénaire pour le développement, le Bénin a renforcé son système de référence obstétricale, afin de réduire la mortalité maternelle. Mais des problèmes d’ordre structurel, socioculturel et économique continuent d’affecter cette stratégie. La Clinique universitaire de gynécologie et d’obstétrique (CUGO) de Cotonou, située au sommet de la pyramide sanitaire, est emblématique desdits problèmes. La présente recherche vise à comprendre de l’intérieur, les enjeux de la référence dans cet établissement hospitalier, à travers l’analyse des perceptions et vécus des acteurs.
Méthodes : Essentiellement qualitative, la collecte de données a été réalisée au moyen d’entretiens semi-directifs approfondis, de juillet à décembre 2015. Elle a concerné 37 personnes dont des femmes référées, des soignants et des accompagnants.
Résultats : La faible qualité de l’information détenue par les femmes sur les motifs de la référence, la peur de la césarienne perçue comme évidente et les difficiles relations entretenues avec le personnel de santé contribuent au renoncement à la référence. Par ailleurs, les rumeurs circulant sur l’accueil, le retard dans la prise en charge et les conditions d’hospitalisation à la CUGO sont des aspects à prendre en compte. Enfin, la distance de provenance est déterminante dans l’acceptation de la référence par les femmes et leurs entourages.
Conclusion : De façon générale, la référence est perçue comme une nécessité en cas de complications au cours de la grossesse, aussi bien par les femmes référées que par le personnel soignant. Mais, les divergences de points de vue apparaissent lorsque la CUGO devient l’hôpital d’accueil.
English abstract
Introduction: Since 2000, in the context of the Millennium development goals, Benin has reinforced its obstetric referral system in order to reduce maternal mortality. However, structural, sociocultural and economic problems continue to affect this strategy. The Cotonou University gynaecology and obstetrics clinic (CUGO), at the top of the health pyramid, is emblematic of this situation. This study was designed to elucidate the stakes involved in referral to this hospital based on analysis of the perceptions and experiences of referral personnel.
Methods: Essentially qualitative data collection was conducted by means of in-depth semi-structured interviews from July to December 2015 involving 37 people, including referred women, healthcare personnel and caregivers.
Results: The poor quality of information given to women concerning the reasons for referral, the fear of caesarean section, considered to be inevitable, and the difficult relationships with health workers contribute to failure to comply with referral. Rumours concerning reception, waiting times and hospitalization conditions are other factors that must be taken into account. Finally, the distance from the woman’s home is a decisive element in acceptance of referral by women and their families.
Conclusion: Referral is generally perceived as necessary in the case of complications during pregnancy, by both referred women and healthcare personnel. However, differences in points of view are observed when the woman is referred to CUGO.
-
Texte intégral sur www.cairn.info/revue-sante-publique-2017-5-page-719.htm
Santé publique n°5 septembre-octobre 2017 | p. 719 à 720 | publié le 19 décembre 2017