État des lieux de la surveillance de la santé mentale en France
Résumé en Français
L’objectif de la surveillance est d’aider à la planification, à l’information et à la prévention. Elle est basée sur la collecte répétée de données au travers d’enquêtes épidémiologiques et sur le suivi de données issues de bases médico-administratives. Cet article présente un état des lieux de la surveillance de la santé mentale en France, examine la pertinence et les limites des données recueillies. En population générale, la prévalence de l’épisode dépressif caractérisé (EDC) a été explorée dans sept enquêtes parmi lesquelles les Baromètres santé permettent un suivi à cinq ans d’intervalle. Les données de mortalité et d’hospitalisation permettent une surveillance des suicides et des tentatives de suicide (TS). Les bases de l’assurance maladie renseignent sur la consommation de psychotropes et les mises sous affection de longue durée pour pathologies psychiatriques graves (ALD23). La prévalence sur un an de l’EDC est restée stable à 7,8 % entre 2005 et 2010. Les données de mortalité montrent un taux de suicide de 16 pour 100 000 habitants. L’exploitation des données hospitalières montre que le taux d’hospitalisation pour TS est environ dix fois celui du suicide. Les données de recours aux urgences estiment à environ 220 000 annuels le nombre de TS ayant recours aux urgences. Actuellement, la dépression représente le premier motif de nouvelles admissions en ALD23. C’est la confrontation de sources de données complémentaires qui permet d’assurer une surveillance de la santé mentale en France et de cibler les populations vers lesquelles des actions de prévention doivent être dirigées en priorité.
English abstract
The current state of mental health surveillance in France The purpose of health surveillance is to contribute to health planning, information and prevention. Surveillance involves repeated data collections based on epidemiological studies and follow-up of data collected from medical-administrative databases. This paper provides an overview of mental health surveillance in France and examines the relevance and limitations of the collected data. Method. The prevalence of major depressive episodes (MDE) in the general population was recently examined in seven studies. Among these studies, the Health Barometers involved two data collections at a five-year interval using the same method. Mortality and hospitalization data are important for suicide and suicide attempt (SA) surveillance. Health insurance databases provide key information about psychotropic drug use and serious psychiatric illnesses defined as long-term. Results. The prevalence of 12‑month MDE remained stable at 7.8% between 2005 and 2010. Mortality data show a suicide rate of 16 per 100,000 inhabitants. Hospital data show that the rate of hospitalization for SAs is approximately ten times that of suicide. Data from emergency wards indicate that approximately 220,000 SAs are admitted to hospital emergency services every year. Currently, depressive disorders are the primary reason for new admissions under the ALD23. Discussion. A comparison of data from different sources is required to provide a basis for mental health surveillance in France and to help identify those populations that need to be targeted as a matter of priority by prevention measures.
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Texte intégral sur www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=SPUB_110_0011
Santé publique n°1, janvier-février 2012 | p. 11 à 29 | publié le 3 mai 2016