Dépistage organisé ou individuel du cancer du sein ? Attitudes et représentations des femmes
Julie Kalecinski | Véronique Régnier-Denois | Samiratou Ouédraogo | Tienhan Sandrine Dabakuyo-Yonli | Agnès Dumas | Patrick Arveux | Franck Chauvin
Résumé en Français
Objectif : Le programme de dépistage organisé du cancer du sein, proposé aux femmes âgées de 50 à 74 ans, tous les deux ans, est généralisé en France depuis 2004. En parallèle, un dépistage individuel se déroule en dehors de tout cadre institutionnel. Cette étude qualitative avait pour objectif d’identifier les freins et les moteurs à la participation à ces deux types de dépistages. Méthodes : Étude qualitative menée sous forme d’entretiens semi-directifs par une sociologue. Trois cent quarante-cinq femmes ont été tirées au sort parmi des femmes ayant participé à une précédente étude quantitative. Ces femmes avaient été invitées à participer au dépistage organisé du cancer du sein entre 2010 et 2011 dans 13 départements français. Résultats : Au total, 48 femmes ont été interviewées sur leur expérience du dépistage individuel ou organisé. Le principal moteur des femmes pour se faire dépister était la peur de la maladie ou la volonté de contrôler leur santé. Vingt-sept femmes ont opté pour le système organisé dans lequel elles ont confiance en raison de la double lecture des résultats. Vingt-et-une femmes ont opté pour le dépistage individuel qu’elles considèrent comme plus fiable que le dépistage organisé, moins anonyme et qui leur permet d’être plus libres de gérer leur santé. Conclusion : Le gynécologue joue un rôle important dans le choix des femmes qui participent au dépistage individuel. Il pourrait être un acteur décisif dans la promotion du dépistage organisé auprès de ce public.
English abstract
Objective : The breast cancer screening programme, proposed to all women between 50 and 69 years, consisting of two-view mammography screening every two years, has been generalized in France since 2004. The programme coexists with opportunistic mammography screening, provided outside official frameworks. This qualitative study was designed to identify the pros and cons of these two screening modes. Methods : Three hundred and forty-five women were randomly selected from women who had participated in a previous quantitative study and who were invited to attend for breast cancer screening in 13 French departments between 2010 and 2011. These women were asked to participate in a face-to-face semistructured interview conducted by a sociologist. Results : 48 women (17 from deprived areas) were interviewed. All chose to be screened for breast cancer either because they feared cancer, or because they wanted to control their own health. Twenty-seven women chose the organized screening programme, which they considered to be trustworthy, as negative mammograms are double checked by a second radiologist. Twenty-one women preferred individual screening, which they considered to be more reliable, less anonymous and providing them with more liberty to take control of their own health. Conclusion : Gynaecologists play an important role in women’s decision to undergo individual breast cancer screening. They also have an important role to play in the promotion of organized breast cancer screening programme with this public.
Santé publique n°2, mars-avril 2015 | p. 213 à 220 | publié le 11 juin 2015