Les dimensions cognitives de l'intervention en santé publique : l'accompagnement de deux projets de santé de premier recours en milieu rural
Résumé en Français
Certaines interventions en santé publique visent à accompagner les transformations de la production de soins de premier recours, passant ainsi d’une organisation individuelle à une organisation collective du soin. Ces interventions peuvent être analysées comme des processus de production de connaissances. Elles aident en effet les acteurs engagés dans l’élaboration d’un projet de santé à objectiver et partager collectivement une situation commune sur l’avenir de l’offre de soins de premier recours. Cette vision commune leur permet d’entrer dans une démarche de projet. Elle donne du sens à leur action. Elles incitent les acteurs du projet à se connaître et se reconnaître comme partenaires de la production de soins de premier recours, initiant ainsi l’émergence d’une équipe de professionnels de santé. Elle permet de valoriser et formaliser des pratiques de coordination existantes ainsi que d’inventer des nouvelles pratiques communes. Ainsi, une connaissance collective est produite avec les acteurs du projet et capitalisée par le tiers intervenant. Cette connaissance permet d’objectiver les expériences individuelles et d’aider ainsi à la réflexivité des acteurs. Au final l’intervention de terrain peut se comprendre comme une dynamique de conversion.
English abstract
Some public health interventions are designed to support transformation of primary healthcare services, by transforming an individual structure into a collective healthcare structure. These interventions can be considered to be knowledge-generating processes, as they help the actors involved in development of a healthcare project to objectify and collectively share a common position on the future supply of primary care. This shared vision helps them to adopt a project approach in that this shared knowledge provides meaning to their action. They can also help project stakeholders to know and recognize each other as primary care partners, thus initiating the development of a healthcare team. This approach helps to enhance and formalize coordination of existing practices and invent new coordination practices. Collective knowledge is therefore generated by actors and capitalized by the third party. This knowledge can be used to objectify individual experiences and consequently facilitates reflexivity of the actors. Finally, the field response can be considered to be a dynamic conversion.
Santé publique n°3, mai-juin 2015 | p. 343 à 351 | publié le 25 août 2015