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Sur l’origine d’Ebola : discours biomédical versus interprétations populaires à Macenta en Guinée

The Origin of Ebola: Biomedical Approach Versus Popular Interpretations in Macenta, Guinea

Résumé en Français

En décembre 2013, un enfant de deux ans meurt d’une fièvre hémorragique virale dans le village de Méliandou, dans le sud-est de la Guinée. C’est le cas index probable d’une épidémie de grande ampleur. Lorsque le virus Ebola fut formellement identifié, des épidémiologistes ont commencé à enquêter sur les chaînes de transmission, tandis que les populations locales ont essayé de donner un sens à ces décès. Les mesures de lutte mises en place par les organismes de santé nationaux et internationaux ont très vite rencontré de fortes réticences et une attitude parfois agressive des communautés touchées. Des enquêtes ethnographiques ont été réalisées à Macenta (région forestière) au cours d’une mission conduite d’octobre à novembre 2014 pour le Réseau mondial d’alerte et d’action en cas d’épidémie (GOARN) de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Observation participante, conversations informelles et entrevues approfondies ont été effectuées pour identifier les rumeurs et leurs sources, pour comprendre la perception de la population ainsi que ses connaissances sur l’histoire et l’origine de l’épidémie d’Ebola en Guinée. Les épidémiologistes impliqués dans la riposte ont attribué, les premiers morts d’Ebola dans la Région Forestière, à la transmission d’un virus par contact avec les fluides des patients. Mais certains citoyens guinéens ont cru que ces décès avaient été causés suite à la transgression d’un tabou. Évoluant principalement en parallèle, parfois se chevauchant, les explications épidémiologiques et populaires sont animées par différents modèles explicatifs, biomédicaux et traditionnels-religieux. La riposte doit être flexible et doit systématiquement documenter les discours populaires, rumeurs, codes, pratiques, connaissances et opinions relatifs à l’épidémie. La riposte doit alors utiliser cette information pour dessiner et adapter ses interventions de lutte.

English abstract

In December 2013, a two-year-old child died from viral haemorrhagic fever in Méliandou village in the South-East of Guinea, and constituted the likely index case of a major epidemic. When the virus was formally identified as Ebola, epidemiologists started to investigate the chains of transmission, while local people were trying to make sense out of these deaths. The epidemic control measures taken by national and international health agencies were soon faced by strong reluctance and a sometimes aggressive attitude of the affected communities. Preliminary ethnographic observations were carried out by ST in Macenta (Forest region) during an assignment (October-November 2014) for the Global Outbreak and Alert Response Network (GOARN) of the World Health Organization. ST carried out participative observation, informal conversations and in-depth interviews to identify the rumours and their sources, understand the local population’s perception and knowledge about the history and origin of the Ebola outbreak in Guinea. Epidemiologists involved in the outbreak response attributed the first Ebola deaths in the Forest region to the transmission of a virus by contact with fluids of patients, but other Guinean citizens believed these deaths were caused by the breach of a taboo. The epidemiological and popular explanations, mainly evolving in parallel, but sometimes overlapping, are driven by different explanatory models, a biomedical model and a traditional-religious model. The outbreak response must be flexible and must systematically document popular discourse(s), rumours, codes, practices, knowledge and opinions related to the outbreak and use this information to shape and adapt its control interventions.

Santé publique n°4 juillet-août 2017 | p. 497 à 507 | publié le 13 novembre 2017

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