La vulnérabilité des détenus hommes face au VIH/sida à Ouagadougou (Burkina Faso)
Ousmane Ouédraogo | Franck Garanet | Simeon Sawadogo | Christian Mésenge | Jean-Baptiste Guiard Schmid
Résumé en Français
Objectif : Évaluer la vulnérabilité des détenus hommes face au VIH, les pratiques à risque et l’accès à la prévention.
Méthodes : Il s’agit d’une étude transversale descriptive menée au cours de juillet et août 2012 à la Maison d’Arrêt et de Correction de Ouagadougou au Burkina Faso. Deux enquêteurs formés ont recueilli les données par des entretiens individuels au parloir à l’aide d’un questionnaire administré aux détenus hommes âgés de 18 ans et plus et dont le séjour en prison était supérieur à trois mois. Deux groupes de discussion ont été effectués avec la garde de sécurité pénitentiaire et les soignants.
Résultats : Au total, 165 détenus hommes ont été interviewés. Le temps moyen de séjour en milieu carcéral est de 19 mois, l’âge médian de ces prisonniers est de 28 ans et 45 % d’entre eux sont analphabètes. Près de 4 % des détenus hommes ont déclaré avoir eu des relations homosexuelles au cours de leur détention. Les données montrent une sous déclaration, un déni des pra-tiques homosexuelles par les détenus. Pendant l’incarcération, 49 % des prisonniers ont partagé des lames ou des rasoirs. Aucun enquêté n’a déclaré l’usage de drogues injectables et de tatouage en prison. La majorité (84 %) des détenus n’a pas une bonne connaissance du VIH/sida et 6 % ont été sensibilisés au risque d’infection sexuellement transmissible. Seulement 5 % des détenus ont eu un test de dépistage pendant leur séjour en prison.
Conclusion : Les conditions d’incarcération, les pratiques homosexuelles et l’absence de préservatifs dans la prison aggravent la vulnérabilité des détenus face au VIH/sida. La mise en place d’un programme de prévention et de prise en charge des patients VIH+ permettraient de réduire de manière significative le risque de transmission du VIH en prison.
Méthodes : Il s’agit d’une étude transversale descriptive menée au cours de juillet et août 2012 à la Maison d’Arrêt et de Correction de Ouagadougou au Burkina Faso. Deux enquêteurs formés ont recueilli les données par des entretiens individuels au parloir à l’aide d’un questionnaire administré aux détenus hommes âgés de 18 ans et plus et dont le séjour en prison était supérieur à trois mois. Deux groupes de discussion ont été effectués avec la garde de sécurité pénitentiaire et les soignants.
Résultats : Au total, 165 détenus hommes ont été interviewés. Le temps moyen de séjour en milieu carcéral est de 19 mois, l’âge médian de ces prisonniers est de 28 ans et 45 % d’entre eux sont analphabètes. Près de 4 % des détenus hommes ont déclaré avoir eu des relations homosexuelles au cours de leur détention. Les données montrent une sous déclaration, un déni des pra-tiques homosexuelles par les détenus. Pendant l’incarcération, 49 % des prisonniers ont partagé des lames ou des rasoirs. Aucun enquêté n’a déclaré l’usage de drogues injectables et de tatouage en prison. La majorité (84 %) des détenus n’a pas une bonne connaissance du VIH/sida et 6 % ont été sensibilisés au risque d’infection sexuellement transmissible. Seulement 5 % des détenus ont eu un test de dépistage pendant leur séjour en prison.
Conclusion : Les conditions d’incarcération, les pratiques homosexuelles et l’absence de préservatifs dans la prison aggravent la vulnérabilité des détenus face au VIH/sida. La mise en place d’un programme de prévention et de prise en charge des patients VIH+ permettraient de réduire de manière significative le risque de transmission du VIH en prison.
English abstract
Objective: To evaluate the vulnerability of male prisoners to HIV, risk behaviour and access to prevention.
Methods: This cross-sectional descriptive study was conducted in July and August 2012 in Ouagadougou Prison in Burkina Faso. Two trained investigators collected data by means of individual interviews in the prison visiting room using a questionnaire administered to male inmates 18 years and older, imprisoned for more than three months. Two focus groups were conducted with prison guards and healthcare personnel.
Results: A total of 165 male prisoners were interviewed. The mean prison sentence was 19 months, the median age of the inmates was 28 years and 45% of them were illiterate. About 4% of male prisoners reported having had homosexual relations during their imprisonment. However, data indicate underreporting and denial of homosexual behaviour by prisoners. 49% of prisoners shared razors or razorblades in prison. None of the interviewees reported injected drug use or tattoos in prison. The majority (84%) of prisoners had a good knowledge of HIV/AIDS and 6% were aware of the risk of sexually transmitted infections. Only 5% of prisoners had had a screening test during their stay in prison.
Conclusion: Prison conditions, homosexual behaviour and absence of condoms in prison accentuate the vulnerability of prisoners to HIV/AIDS. Implementation of a prevention programme and management HIV-positive prisoners would help to reduce significantly the risk of HIV transmission in prison.
Methods: This cross-sectional descriptive study was conducted in July and August 2012 in Ouagadougou Prison in Burkina Faso. Two trained investigators collected data by means of individual interviews in the prison visiting room using a questionnaire administered to male inmates 18 years and older, imprisoned for more than three months. Two focus groups were conducted with prison guards and healthcare personnel.
Results: A total of 165 male prisoners were interviewed. The mean prison sentence was 19 months, the median age of the inmates was 28 years and 45% of them were illiterate. About 4% of male prisoners reported having had homosexual relations during their imprisonment. However, data indicate underreporting and denial of homosexual behaviour by prisoners. 49% of prisoners shared razors or razorblades in prison. None of the interviewees reported injected drug use or tattoos in prison. The majority (84%) of prisoners had a good knowledge of HIV/AIDS and 6% were aware of the risk of sexually transmitted infections. Only 5% of prisoners had had a screening test during their stay in prison.
Conclusion: Prison conditions, homosexual behaviour and absence of condoms in prison accentuate the vulnerability of prisoners to HIV/AIDS. Implementation of a prevention programme and management HIV-positive prisoners would help to reduce significantly the risk of HIV transmission in prison.
Santé publique n°5, septembre-octobre 2015 | p. 749 à 756 | publié le 5 janvier 2016