Le genre est-il un facteur associé à la mise sous traitement antirétroviral au Centre de Traitement Ambulatoire de Brazzaville ?
Résumé en Français
Objectif : À l’avènement du traitement antirétroviral en Afrique, il y avait des inquiétudes liées au fait des inégalités sociales traditionnellement construites entre les sexes, que les hommes aient un meilleur accès aux soins liés au VIH comparé aux femmes. Cette étude a pour but d’évaluer la mise sous traitement antirétroviral, en prenant en compte l’aspect genre, au Centre de Traitement Ambulatoire de Brazzaville (CTA), Congo. Méthodologie : Étude de cohorte rétrospective des patients dépistés VIH-positifs, inscrits au CTA, entre 2005 et 2006, qui ont été suivi pendant quatre ans jusqu’à décembre 2010. Le critère de jugement principal a été la proportion de patients mis sous traitement antirétroviral parmi ceux remplissant les conditions de mise sous traitement antirétroviral. Les facteurs associés à la mise sous traitement antirétroviral ont été évalués en utilisant le modèle de Cox. La courbe de Kaplan-Meier a été utilisée pour estimer la proportion des patients débutant le traitement antirétroviral. Résultats : Au total, 1 012 patients ont été inclus, l’âge médian était de 38,15 ans (IIQ : 31,81 – 44,54), 814 (84,8 %) avaient un taux de CD4 initial < 200 cellules/mm3 et 604 (59,7 %) étaient au stade clinique III et IV de l’OMS. Parmi eux, 64,82 % étaient des femmes dont 559 (85,2 %) étaient sans revenu mensuel régulier comparé à 191 (53,7 %) hommes (p < 0,05). Cinq cent quarante-deux patients (53,56 %) ont été mis sous traitement antirétroviral. Le délai médian pour débuter le traitement était de 28,42 semaines. Les hommes (aHR : 1,56 ; IC95 % = 1,13 – 2,16 ; p = 0,007) et les patients avec un taux d’hémoglobine initial > 10 g/dl (aHR : 1,68 ; IC95 % : 1,25 – 2,27 ; p = 0,001) avaient plus de chance d’être mis sous traitement antirétroviral. Conclusion : Les patients admis au CTA de Brazzaville étaient majoritairement des femmes avec un revenu mensuel irrégulier. Le fait d’être un homme et avoir un taux d’hémoglobine initial supérieure ou égal à 10 g/dl étaient associés à une mise sous traitement plus rapide.
English abstract
Objective: To assess the initiation of antiretroviral therapy with respect to gender at the Brazzaville Ambulatory Treatment Centre, Republic of Congo (CTA). Methods: A retrospective cohort study of HIV-positive patients enrolled at the CTA between january 2005 and december 2006 with 4 years of follow-up up until December 2010. The primary endpoint was the proportion of patients initiating antiretroviral therapy (ART) among those meeting the conditions for ART. We investigated the factors associated with initiation of ART using multiple Cox regression models. Kaplan-Meier curves were used to estimate the proportion of patients initiating ART. Results: A total of 1,012 patients with a median age of 38.15 years (IQR: 31.81 – 44.54) were included. Eight hundred fourteen patients (84.8%) had baseline CD4 count < 200 cells/mm3 and 604 patients (59.7%) were at WHO clinical stage III and IV. 64.82 % of these patients were women. Five hundred and forty-two (53.56%) patients received ART and the median time to initiation of ART was 28.42 weeks. Men (aHR: 1.56; 95%CI = 1.13 – 2.16; p = 0.007) and patients with baseline haemoglobin above 10g/dL (aHR: 1.68; 95%CI: 1.25 – 2.27; p = 0.001) were more likely to initiate ART. Conclusion: Patients admitted to the Brazzaville Ambulatory Treatment Centre were predominantly women with irregular monthly income. Being a man and having a baseline haemoglobin greater than or equal to 10 g/dL were associated with more rapid initiation of antiretroviral therapy.
Santé publique n°4, juillet-août 2016 | p. 517 à 524 | publié le 7 novembre 2016