Les néonaticides en France : analyse de 357 cas identifiés dans la presse (1993-2012)
Résumé en Français
Contexte et objectif : Malgré un large accès à la contraception et à l’abandon à la naissance en France, les néonaticides persistent ; bien que peu nombreux, ils défrayent régulièrement la chronique. L’objectif de cette étude était de caractériser les néonaticides et leurs auteurs sur une période de vingt ans sur tout le territoire national français à partir des cas publiés dans la presse.
Méthodes : 2 319 articles de presse obtenus à partir de bases électroniques ou autre support numérique dans la presse nationale et régionale décrivant la découverte d’un cadavre de nouveau-né ont été collectés. Au total, 357 néonaticides sont décrits, soit un taux moyen annuel de 2,34 pour 100 000 naissances.
Résultats : La mère a été identifiée dans 74 % des cas. Le cadavre de l’enfant est le plus souvent découvert dans la maison ou à proximité (35 %, dont la majorité à la poubelle et 6 % dans le congélateur) mais également dans la nature (31 %). Dans près d’un quart des cas, la mère a fait une hémorragie. La plupart des enfants ont été activement tués par asphyxie (35 %), coups ou défenestration (11 %), ou noyade (11 %). Seuls 22 % des enfants sont décédés sans intervention de la mère, par défaut de soins ou délaissement. De fortes disparités régionales sont mises en évidence, même après calcul d’un taux régional. Les mères mises en cause (230 femmes du fait de 19 néonaticides multiples) ont en moyenne 27,8 ans et la moitié ont au moins un enfant précédent vivant.
Conclusions : La médiatisation des affaires de néonaticides et l’accès aux archives électroniques rendaient intéressante la perspective d’utiliser la presse pour décrire un phénomène devenu rare, pour lequel il est difficile de collecter des effectifs suffisants pour une analyse des auteurs et des décisions.
English abstract
Background and objectives: Despite easy access to contraception and child abandonment in France, neonaticides continue to occur and, although rare, are widely publicized. The objective of this study was to characterize neonaticides and their perpetrators over a twenty-year period in France based on cases reported in the press.
Methods: 2,319 press articles describing the discovery of a newborn corpse in the regional and national press were extracted from electronic databases or other digital supports. A total of 357 neonaticides were described, corresponding to a mean annual rate of 2.34 per 100,000 births.
Results: The mother was identified in 74% of cases. The corpse was usually discovered in the house or garden (35%, mostly in the rubbish bin and 6% in the freezer), but also in the wilds (31%). In almost one-quarter of cases, the mother had suffered a haemorrhage. Most neonates were killed by asphyxiation (35%), direct blows or being thrown out of a window (11%), or drowning (11%). Only 22% of neonates died without the mother’s intervention, due to lack of care or neglect. Marked regional disparities were observed, even after calculation of regional rates. The mothers responsible (230 women due to 19 multiple neonaticides) had a mean age of 27.8 years and half of them had at least one other living child.
Conclusions: Media coverage of neonaticides and access to electronic databases provide an opportunity to describe a rare phenomenon, for which it is difficult to collect sufficient sample sizes to allow analysis of the perpetrators and court rulings.
-
Texte intégral sur www.cairn.info/revue-sante-publique-2017-3-p-321.htm
Santé publique n°3, mai-juin 2017 | p. 321 à 331 | publié le 5 septembre 2017