Contexte
La dengue et la leptospirose sont deux maladies infectieuses endémiques sous les tropiques et à l’île de La Réunion. Leurs manifestations les mieux connues s’inscrivent dans le paradigme d’agents pathogènes non persistants provoquant généralement une pathologie aiguë transitoire (quelques jours à quelques semaines) en lien avec une réponse immunitaire innée visant à éliminer l'agent responsable. Ainsi, les symptômes de la phase aiguë, regroupés parfois sous le concept de sickness acute behaviour, s’accompagnent d’une inflammation, de dérèglements métaboliques et immunitaires qui disparaissent lorsque le patient se rétablit. Chez certains patients, les symptômes peuvent cependant persister et de nouveaux symptômes apparaitre au-delà de la phase habituelle de convalescence ( 1 mois), principalement centrés autour de la fatigue. Ce syndrome de fatigue post-infectieux a été déjà décrit pour un large éventail de virus, persistants (Epstein-Barr virus, VIH) ou non (rotavirus, poliovirus, influenza, …) et de bactéries (Coxiella burnetii,…). Plus, récemment, sa connexion avec le SARS-CoV-2 a été mise en avant pour expliquer certains symptômes du Covid-Long.
Il existe peu de données sur les syndromes de fatigue post-infectieux associés aux pathogènes circulants à l’île de la Réunion, pour lesquels seul le chikungunya a été jusqu’à présent incriminé. En effet, la littérature assemble peu de résultats sur le syndrome de fatigue post-dengue, encore moins sur le syndrome de fatigue post-leptospirose, pourtant observés dans les cohortes réunionnaises.
Missions / Contenu du poste
Nous proposons un sujet de thèse de sciences visant à caractériser, mieux comprendre la physiopathologie et et l’impact en santé publique des syndromes de fatigue post-dengue et post-leptospirose à La Réunion, à l’aide de méthodes d’épidémiologie clinique, de recherches translationnelles sur les biomarqueurs, et d’explorations des données de Santé. A cette fin, nous réaliserons d’abord une revue systématique de littérature puis explorerons les bases de données des cohortes déjà constituées sur des individus atteints de dengue ou de leptospirose et le SNDS pour répondre à trois questions : 1-quels sont les symptômes et biomarqueurs différentiant le syndrome de fatigue post-dengue et post-leptospirose à la phase aigüe de sickness acute behaviour ?; 2-Existe-t-il un syndrome de fatigue chronique (> 6 mois) pour ces deux infections, et si oui, quels en sont les facteurs prédictifs à la phase aigüe ; 3-quel est l’impact de ce syndrome de fatigue chronique sur la santé perçue et la qualité de vie, les nouvelles comorbidités et la consommation de soins?
Le doctorant sera accueilli au Centre d’Investigation Clinique de La Réunion (Inserm CIC 1410) sur le site sud du CHU de La Réunion à Saint-Pierre. L’étude des biomarqueurs sera confiée aux UMR locales (DéTROI : Diabète athérothrombose Thérapies Océan Indien et PIMIT : Processus Infectieux en Milieu Insulaire Tropical) avec qui le CIC collaborent régulièrement.
Compétences requises / profil attendu
Le profil du doctorant souhaité est un titulaire de Master 2 Recherche en santé publique, à dominante épidémiologie avec une formation en analyses statistiques multivariées. Le doctorant devra s’inscrire à l’école doctorale Sciences Technologies et Santé (ED 542–STS) de l’Université de La Réunion. Il pourra bénéficier d’une bourse qui sera à déposer prochainement auprès de La Région.
La candidature doit être composée d’un CV et d’une lettre de motivation à adresser avant le dimanche 30 juin, 20h CET : (directeur de thèse) et (co-directeur).
