LE DOSSIER DU MOIS
FÉVRIER 2019 :
« POWERFUL VESTED INTERESTS, MISPLACED ECONOMIC INCENTIVES ARE MAJOR DRIVERS OF THE JOINTPANDEMICS OF OBESITY, UNDER NUTRITION AND CLIMATE CHANGE » Lancet
Pour lire l’article dans son intégralité :
https://santafe.edu/news-center/news/powerful-vested-interests-misplaced-economic-incentives-are-major-drivers-joint-pandemics-obesity-undernutrition-and-climate-change
INTERVIEW
Les liens entre malnutrition,
environnement et politiques de santé
LE POINT DE VUE DE :
Charlotte Marchandise
SENIOR CONSULTANT, GLOBAL HEALTH AND EDUCATION UNESCO CHAIR, WHO FRENCH HEALTHY CITIES NETWORK.
Charlotte Marchandise, vous avez lu pour nous un article du Lancet abordant les liens entre malnutrition, environnement et politiques de santé. Qu’avez-vous pensé de cet article ?
Ce document a le grand mérite de porter une approche systémique, c’est-à-dire d’envisager les interactions entre nutrition et environnement, et les co-bénéfices de certaines actions. Ce qui m’a intéressée, c’est qu’il met en avant les enjeux des écosystèmes locaux, soulignant l’importance d’intégrer la santé dans toutes les politiques, notamment environnementales et urbanistiques.
Quels sont les principaux apports de ce texte ?
Il souligne le besoin de politiques ambitieuses, afin d’initier un véritable changement en faveur d’une prévention ciblant conjointement santé et environnement, liant notamment lutte contre l’obésité et limitation des émissions de gaz à effets de serre. C’est un texte pointu, en anglais, malheureusement peu accessible pour les élus locaux. Afin d’influencer ces élus, il faut un travail d’explicitation des apports de ce type de contributions scientifiques, des formations pour renforcer leur pouvoir d’action et leur donner le courage politique de prendre des initiatives dans ce domaine. C’est ce que nous faisons au sein du réseau ville-santé de l’OMS.
Avez-vous des exemples d’actions locales liant nutrition et environnement ?
À Rennes, nous avons mis en place un Plan Alimentaire Durable, pour des cantines locales et bios, avec une approche Zéro Déchet dans nos écoles. Outre les bénéfices pour la santé des enfants, ce projet a permis de développer de nouvelles filières d’agriculture locale, et de relocaliser des activités économiques. La collaboration des villes et des écoles est un aspect essentiel, avec l’enjeu de mettre en place de véritables parcours de santé permettant aux enfants de développer des compétences psychosociales spécifiques. C’est en renforçant le pouvoir d’agir et de comprendre des habitants qu’il est possible de changer les comportements, et pas avec des injonctions !
Quels sont les obstacles au déploiement de ces écosystèmes locaux ?
Nous manquons de données locales qui permettent à la fois de cibler précisément les actions et de disposer d’arguments pour les défendre. Pour agir contre les inégalités sociales de santé, il faut objectiver au niveau infra-communal l’état de santé des populations (morbidité et mortalité, mais aussi obésité, santé bucco-dentaire, accès au dépistage etc.). Nous avons besoin d’« observatoires » et d’aller plus loin, en évaluant les politiques publiques. Enfin, il faut mobiliser des économistes de la santé capables de mesurer la pertinence des actions menées en termes de bénéfices financiers pour les différents échelons. Ainsi, agir au niveau local pour la qualité de l’air a des bénéfices pour la santé et donc pour les comptes de l’État, mais cela a aussi un bénéfice sur la propreté des bâtiments et donc sur les finances locales, et sur l’attractivité du territoire, ce qui compte énormément.
C’est en renforçant le pouvoir d’agir et de comprendre des habitants qu’il est possible de changer les comportements, et pas avec des injonctions !
POUR ALLER PLUS LOIN
Le site du réseau santé ville : www.villes-sante.com
@SFSPAsso
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