LE DOSSIER DU MOIS
Mai 2019 :
"FAIRE DE LA FRANCE UNE VRAIE NATION SPORTIVE" Françoise Gatel, François Cormier-Bouligeon
Pour lire l’article dans son intégralité :
http://sports.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_v11.pdf
INTERVIEW
Faire de la France une vraie nation sportive
LE POINT DE VUE DE : Pr Anne Vuillemin Université Côte D'Azur SECRETAIRE GENERALE DE LA SFSP |
---|
Anne Vuillemin, comment percevez-vous la parution de ce rapport intitulé « Faire de la France une vraie nation sportive » ?
Le fait que le Premier ministre s’empare de ce sujet est un signe fort de reconnaissance interministérielle et transversale de l’importance de la promotion de l’activité physique. C’est une belle initiative qui met en lumière de nombreux aspects : la diversification de l’offre de pratiques, la répartition territoriale des infrastructures sportives, les aménagements urbains favorables à l’activité physique, ou encore l’activité physique comme vecteur d’inclusion sociale. Cette parution, marque l’intérêt croissant des politiques, dans le contexte de l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024.
Est-ce un véritable tournant ou une dynamique transitoire impulsée par l’organisation des Jeux ?
Le rapport affiche la volonté d’ancrer la pratique de l’activité physique dans les habitudes, dans une culture nationale. L’idée de considérer l’activité physique comme une pratique culturelle qui se construit sur les lieux de vie, en particulier à l’école et sur les lieux de travail, me semble tout à fait intéressante. Tout dépendra ensuite des possibilités de mise en œuvre et des moyens qui seront effectivement consacrés, car l’enjeu est de taille. De nombreux rapports ont récemment été édités, mais sur le terrain, les évolutions observées sont beaucoup plus lentes, complexes, et dépendent pour partie de décisions nationales et de l’engagement des collectivités locales. Les acteurs de terrain et le milieu académique sont convaincus depuis longtemps.
Ce rapport préfigure-t-il des mesures concrètes pour promouvoir l’activité physique ?
Les leviers d’actions identifiés sont nombreux. Pour éviter un effet de saupoudrage, peut-être serait-ce préférable de se concentrer sur quelques mesures clés. Dans une perspective opérationnelle, cependant, les modalités d’élaboration de ce rapport interrogent. De nombreux acteurs du champ n’ont pas été sollicités : les ministères du Travail, de la Transition écologique et solidaire, de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, les associations du social et du médico-social, ainsi que ceux qui œuvrent dans le domaine de la promotion de la santé comme les IREPS, la FNES et la SFSP. Cela sème le doute sur le déploiement d’une approche réellement intersectorielle en vue d’intégrer l’activité physique au mode de vie de tous.
Par conséquent, la vision de ce rapport vous semble-t-elle parcellaire ?
Le rapport est assez complet et ambitieux dans la mesure où il met l’accent sur les diverses formes d’activité physique aux âges successifs de la vie, et sur différentes populations telles que les personnes en situation de handicap et les personnes détenues. Reste que la faible considération du travail déjà réalisé par certains acteurs depuis de nombreuses années est quelque peu exaspérante. Par exemple, le rapport recommande « de développer la formation initiale et continue en matière de sport santé, d’activité physique adaptée (APA) et de prévention par l’APS » sans évoquer l’existence de la filière « Activité Physique Adaptée-Santé » et des formations continues dispensées au sein des UFR STAPS. La question cruciale des mobilités actives, qui fait l’objet d’un Plan édité par le ministère de la Transition écologique, est également éludée alors qu’elle constitue une dimension décisive pour inscrire l’activité physique dans la vie quotidienne. Aussi peut-on regretter que ce rapport véhicule une conception de l’activité physique implicitement centrée sur le sport. Personnellement, j’aurais préféré un rapport visant à faire de la France une nation « active » plutôt que « sportive », à l’image du plan mondial sur l’activité physique ! Espérons qu’à l’avenir, les moyens financiers soient alloués aux différentes formes d’activités physiques, la tendance étant d’octroyer une grande part des ressources au sport de performance.
Les inégalités territoriales face à l’activité physique sont-elles évoquées ?
Oui, le rapport recommande notamment la modernisation du registre et de la cartographie des équipements sportifs existants, pour une meilleure connaissance de l’offre et des besoins sur les territoires. À ce propos, la répartition des infrastructures ne suffit pas à déterminer l’activité physique : des espaces urbains et naturels peuvent être spontanément investis et une éducation à l’activité physique est à développer. Afin d’appréhender les politiques de développement de l’activité physique sur un territoire, la SFSP a conçu un outil, le CAPLA Santé. Stimulant une discussion collective, cet outil permet de produire une vue d’ensemble contribuant à une démarche de planification des politiques favorables à l’activité physique.
J’aurais préféré un rapport visant à faire de la France une nation "active" plutôt que "sportive", à l’image du plan mondial sur l’activité physique !
POUR ALLER PLUS LOIN
Let's be active, the global action plan on physical activity 2018 – 2030
@SFSPAsso
Réagissez sur twitter :
avec le hashtag #SFSPdossierdumois