La promotion de la santé : le pouvoir d’agir de la population au cœur de l’action

Dans un contexte où la réduction des inégalités sociales de santé est affichée comme une priorité politique, où les politiques locales de santé se donnent pour objectif d’agir aussi bien au niveau individuel qu’au sein des organisations et dans la structuration des territoires, la promotion de la santé apparaît comme une stratégie particulièrement pertinente. En effet, parce qu’elle permet d’agir sur et avec l’ensemble des acteurs et qu’elle vise à modifier les environnements, elle constitue un levier essentiel d’une approche globale en santé.

Dans le glossaire élaboré pour l’OMS par Don Nutbeam, la promotion de la santé est définie comme « un processus social et politique global, qui comprend non seulement des actions visant à renforcer les aptitudes et les capacités des individus mais également des mesures visant à changer la situation sociale, environnementale et économique, de façon à réduire ses effets négatifs sur la santé publique et sur la santé des personnes ».

La promotion de la santé consiste donc à agir, au-delà des comportements et modes de vie individuels, sur la multiplicité des déterminants de la santé ; elle vise à accroître le pouvoir d’agir des personnes et des collectivités sur ces déterminants. La participation de la population est un principe d’intervention essentiel de la promotion de la santé, afin de répondre à la fois à des impératifs méthodologiques d’efficacité et à des impératifs éthiques, notamment en termes de réduction des inégalités sociales et de santé.

La Charte d’Ottawa (1986) définit trois stratégies fondamentales pour la promotion de la santé qui sont le plaidoyer pour la santé (c’est-à-dire la combinaison d’actions individuelles et collectives pour obtenir des engagements politiques, une acceptation sociale et des soutiens institutionnels pour atteindre des objectifs de promotion de la santé), le développement du pouvoir d’agir des personnes et des groupes par la mise en œuvre de stratégies globales d’empowerment, et la médiation comprise comme le soutien à l’engagement de toutes les parties prenantes (acteurs, décideurs, chercheurs, population), à leur travail en coopération et en réseau intersectoriel.

Ces stratégies sont soutenues par cinq domaines d’action prioritaires énoncés dans la Charte d’Ottawa :

• Inscrire la santé dans toutes les politiques publiques et responsabiliser les décideurs quant à l’impact de leurs décisions sur la santé de la population ;
• Créer des environnements de vie et de travail qui soient à la fois sûrs et respectueux des équilibres et ressources naturels (en association avec les champs de la « santé environnement » et du développement durable) et des environnements sociaux aptes à soutenir les personnes et les communautés dans leurs efforts de changement vers plus de bien-être et de qualité de vie (en appui sur le renforcement du lien social et du capital social) ;
• Renforcer l’action communautaire pour la santé en mobilisant les personnes et les groupes les plus directement concernés par le problème à résoudre, pour fixer les objectifs des interventions et leurs modalités de mise en œuvre ;
• Réorienter les services de santé dans le sens d’une plus grande prise en compte des besoins des populations qu’ils servent, en développant la démocratie en santé, en ouvrant les établissements et services de soins vers les territoires et leurs habitants, en impliquant les professionnels de santé dans la réduction des inégalités sociales de santé, et en développant l’éducation thérapeutique du patient ;
• Renforcer les aptitudes individuelles et collectives par l’éducation pour la santé, conçue comme le développement de compétences permettant aux personnes et aux groupes de s’impliquer activement dans les quatre autres domaines de la promotion de la santé.

Christine Ferron, Déléguée générale de la Fédération nationale d'éducation et de promotion de la santé, Vice-présidente de la Société française de santé publique
Anne Sizaret, documentaliste à l'Instance régionale de promotion et d'éducation pour la santé Bourgogne Franche-Comté, membre de la Société française de santé publique

Dernière mise à jour le 25 septembre 2018