La vaccination, succès et actuels défis

La vaccination est l'un des plus grands succès de la santé publique. Elle permet de combattre et d’éliminer des maladies infectieuses potentiellement mortelles. L’Organisation Mondiale de la Santé (2014) estime que plus de 2 à 3 millions de décès par an sont évités. C’est l’un des investissements les plus rentables dans le domaine de la santé.

En France, l'arrêt de la transmission, voire l'élimination de certaines maladies infectieuses est possible si chacun recourt à la vaccination pour se protéger mais aussi pour protéger les autres. Cependant on déplore encore des épidémies. Par exemple, dans ses données de surveillance au 22 mai 2017, l’Institut de Veille Sanitaire indiquent que les épidémies de rougeole entre 2008 et 2014, sont à l’origine de 23 000 cas déclarés en France, plus de 30 encéphalites et 10 décès.

Maintenir un haut niveau de couverture vaccinale est un chalenge du fait de la mobilité importante de certaines populations, de populations (comme par exemple les migrants récents) n’ayant que peu recours aux soins et enfin de groupes peu importants mais très audibles et visibles d’opposants à la vaccination. Des débats ont eu lieu pour définir les stratégies permettant d’améliorer la couverture vaccinale en France.

En effet, dans les suites du rapport de la sénatrice Mme Sandrine Hurel (2016), une concertation citoyenne sur la vaccination a été mise en place présidée par le Pr Fischer (2016). Le comité d’orientation de cette concertation a recommandé un scénario d’élargissement temporaire de l’obligation vaccinale avec clause d’exemption, jusqu’à ce que les conditions soient réunies pour une levée de l’obligation.

La décision du Gouvernement est l’élargissement de l’obligation de 3 à 11 valences vaccinales, administrées entre 2 et 24 mois selon les recommandations du calendrier vaccinal (aux valences diphtérie, tétanos et polio se rajoutent la coqueluche, l’Haemophilus influenzae b, l’hépatite B, le méningocoque C, le pneumocoque, la rougeole, les oreillons et la rubéole). L’obligation s’applique aux enfants nés à compter du 1er janvier 2018. La preuve que cette obligation a été exécutée, doit être fournie, pour l'admission ou le maintien dans toute école, garderie, colonie de vacances ou autre collectivité d'enfants.

Au-delà de cette obligation qui fait polémique et afin que cette décision ne soit pas contre productive, une relance de la politique de santé publique en matière de vaccination est en œuvre dans l’objectif de restaurer la confiance vis-à-vis de la vaccination. Aussi, il est proposé tant par le comité d’orientation que par la Société Française de Santé publique : d’assurer la gratuité des vaccins sans avance de frais ; de renforcer le plaidoyer en faveur des vaccinations auprès du grand public en l’adaptant aux freins et leviers spécifiques aux groupes les plus difficiles à rejoindre et de le compléter par des campagnes régulières auprès des professionnels ; de généraliser et rendre obligatoire l'utilisation des carnets de vaccination électroniques en expérimentation permettant de suivre les couvertures vaccinales ; d’élargir la liste des professionnels de santé à même d'assurer des vaccinations ; d’améliorer la mise à disposition des vaccins ; de développer la recherche.
Enfin, il est essentiel de mobiliser les professionnels de santé à se vacciner à titre d’exemplarité, le cas échéant en trouvant des mécanismes incitatifs.

À terme, grâce à l’ensemble de ces actions et à leur impact sur l’adhésion de la population et des professionnels de santé, il devrait être possible de lever les obligations vaccinales et de fonder une politique de vaccination sur la compréhension de son intérêt par tous, tant à titre individuel que collectif.

Isabelle Nicoulet, Médecin de santé publique, membre de la Société Française de Santé Publique

Dernière mise à jour le 21 juillet 2018