Accompagner les parents pour contribuer à réduire les inégalités sociales de santé

Au cours de ces cinquante dernières années, l’évolution des modèles familiaux, tant dans la composition des familles que du point de l’exercice des fonctions parentales, a fait émerger le terme de parentalité. Celui-ci va au-delà de la simple transmission génétique pour englober l’ensemble des fonctions affectives et sociales nécessaires à l’éducation d’un enfant, ces diverses fonctions pouvant être exercées par de nombreux intervenants dès lors qu’ils contribuent à répondre aux besoins d’un enfant.

Le pédopsychiatre Didier Houzel propose d’approcher la parentalité selon trois dimensions :
- l’exercice de la parentalité qui fait référence aux droits et devoirs des parents vis-à-vis de leurs enfants ainsi qu’aux normes socialement attendues et valorisées ;
- l’expérience de la parentalité dans des dimensions subjectives et psychiques, relative aux vécus, représentations, émotions... ;
- la pratique de la parentalité qui se traduit par les actes concrets de la vie quotidienne (soins psychiques et physiques de la part des parents).

Accompagner les parents relève de ces trois axes et implique de leur donner la parole et une place afin de comprendre leurs besoins et s’appuyer sur ce qu’ils pensent, savent, font. Car tous les parents quels qu’ils soient ont des compétences et c’est ce principe qui doit guider l’action.

Pourquoi la santé publique s’intéresse-t-elle à l’accompagnement à la parentalité?

Tout d’abord et avant tout parce que la santé des adultes se construit dès l’enfance - et même en amont de la conception - et que le capital de santé initial influence l’état de santé tout au long de la vie. La qualité de l’environnement familial est un déterminant essentiel de la construction de ce capital.

Ensuite, parce que les inégalités sociales de santé se construisent elles aussi précocement et que leur réduction passe forcément par des stratégies visant l’amélioration des conditions de vie des familles, le soutien aux parents...

Cela implique de créer de nombreux ponts avec les professionnels de l’éducation, du social, des loisirs, du travail...

Cela implique de ne pas réduire la contribution de la santé publique aux seules actions d’éducation pour la santé visant des modifications de comportements individuels en matière de nutrition, de développement de l’activité physique des enfants... La santé publique doit aussi contribuer à la réflexion sur les conditions favorables à l’exercice de la fonction parentale. Elle joue notamment un rôle de plaidoyer pour interroger l’impact des politiques publiques sur la qualité de vie des familles et contribuer ainsi à ce que l’accompagnement à la parentalité ne se limite pas à renvoyer, dans tous les domaines, les parents à leur seule responsabilité.

Cela implique de partager une réflexion éthique pour limiter le risque de stigmatisation des familles notamment les plus défavorisées et d’inclure toutes les formes de parentalité à la réflexion et à l’action.

Enfin, cela implique de construire une politique de santé publique qui inscrit l’accompagnement à la parentalité dès le projet de « faire famille » pour veiller à ce qu’à chaque étape, tous les parents et leurs enfants trouvent les conditions les meilleures possibles pour vivre ensemble et tisser du lien social, faire face aux difficultés, construire leur autonomie et autant que faire se peut, choisir leur vie.

Anne Laurent, Chef de Projet, Société Française de Santé Publique

Dernière mise à jour 5 décembre 2018